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« Pour faire le premier pas, vous n’avez pas besoin de voir tout l’escalier. »


L'échelle de Jacob Vladimir Kush


À partir de cette citation du pasteur Martin Luther King, notre Très Cher Frère Gérard Lefèvre nous propose une réflexion autour de la notion d’échelle en Franc-maçonnerie, toujours avec un pas de côté pour nous faire réfléchir.

Il écrit :


Frère 1er surveillant où se trouve l’échelle ?

Frère second surveillant où se trouve l’échelle ?

Frère couvreur faîte votre office...

Frère second surveillant, l’Échelle Mystérieuse ne m’est pas connue « je ne suis pas Chevalier Kadosch »

En effet au rite français nous n’avons pas d’échelle, encore moins celle de Jacob, des escaliers des marches, oui.


Genèse : l'échelle de Jacob 28:10 Jacob partit de Beer Schéba, et s'en alla à Charan. 28:11 Il arriva dans un lieu où il passa la nuit; car le soleil était couché. Il y prit une pierre, dont il fit son chevet, et il se coucha dans ce lieu-là. 28:12 Il eut un songe. Et voici, une échelle était appuyée sur la terre, et son sommet touchait au ciel. Et voici, les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle. 28:13 Et voici, l'Éternel se tenait au-dessus d'elle; et il dit: Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham, ton père, et le Dieu d'Isaac. La terre sur laquelle tu es couché, je la donnerai à toi et à ta postérité. 28:14 Ta postérité sera comme la poussière de la terre; tu t'étendras à l'occident et à l'orient, au septentrion et au midi; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. 28:15 Voici, je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays; car je ne t'abandonnerai point, que je n'aie exécuté ce que je te dis. 28:16 Jacob s'éveilla de son sommeil et il dit: Certainement, l'Éternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas! 28:17 Il eut peur, et dit: Que ce lieu est redoutable! C'est ici la maison de Dieu, c'est ici la porte des cieux !

Jacob a donc fui les menaces de son frère Ésaü (Gn 27,41). Il quitte son pays et la demeure de son père ; il erre la nuit, sur les chemins, dort à même le sol, une pierre en guise d’oreiller, le ciel étoilé au-dessus de sa tête. C’est à ce moment précis que Dieu lui apparaît, pour la première fois, en songe.

Comme si Dieu choisissait de se révéler à son serviteur par l’intermédiaire d’images. Images porteuses de significations qu’il s’agira de dégager, selon l’enseignement de Rav Hisda : « Un rêve qu’on n’interprète pas est comme une lettre qu’on ne lit pas ».

En orient les anges sont considérés comme inférieurs de l’homme. Or sur l’échelle il n’y a que des anges qui montent ou descendent. Il est évident que ce n’est pas l’exemple à suivre.


L'Israël biblique tel que le décrivent les cinq premiers livres de la Bible, ainsi que les livres de Josué, des Juges et de Samuel, n'aurait jamais existé. Les découvertes archéologiques menées au Moyen-Orient depuis une cinquantaine d'années ont permis aux savants de se faire une raison : l'aventure des patriarches Abraham, Isaac et Jacob relève plus de la saga homérique que du récit historique.

Voir : La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, par Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Bayard.)

La critique moderne a tendance à ne voir en Jacob que l'ancêtre éponyme et mythique du peuple d'Israël. Il est à remarquer cependant que ce nom se rencontre à la fois dans les contrats babyloniens de l'époque d'Hammourabi (1947-1905 avant notre ère) et dans la liste des villes de Thoutmès III, et que les dernières découvertes archéologiques tendent à confirmer l'ensemble de l'histoire des patriarches du moins dans les grandes lignes.

Jacob, admettons qu’il ait réellement existé, dans l’état mental où il se trouvait (peur, fatigue et surtout dans le désert qui favorise l’hallucination), aurait-il confondu les rayons du soleil, réfléchis par la lune, avec une échelle ?


Jacob rencontre Léa et Rachel au puits de Harân Église Sainte Marie-Madeleine - Echouboulains 77


Ça arrive souvent dans le désert qu’on voit des mirages. Surtout à cette époque où la consommation d’alcool drogue (voir différentes réflexions sur ce sujet dans mes écrits) n’était pas prohibé ! Les Anges, ayant des ailes, n’ont pas besoin d’une échelle pour se déplacer !

La notion d’échelle mène à des erreurs, car la plupart des gens pensent qu’ils devraient s’élever vers le ciel. Pourtant l’homme se trouve déjà au ciel ; la seule chose qu’il doit faire c’est de comprendre cela. « On ne peut pas aller là où on se trouve déjà. Il n’y a nulle part où aller ». It ne faudrait surtout pas « quitter le ciel afin d’arriver au ciel, en passant par l’enfer ! » Peut-être faut-il remplacer le mot échelle par le mot pont, plus adéquat.


La vision de l’échelle a pour but me semble t-il d’assurer à Jacob la protection divine : « … selon ce sens, l’échelle était le voyage du Patriarche, qui se faisait d'une manière vraie sur la terre, mais dont le but était le ciel, … Les Anges allaient et venaient, montant et descendant par les degrés de cette échelle, pour l’assurer qu’ils l’accompagneraient à l’aller et au retour, comme ordonnés de Dieu pour sa conservation et pour sa défense. »


Mais l’usage que Jésus-Christ a pu faire de cette vision, dans son entretien avec Nathanaël, (est un disciple de Jésus qui lui est présenté par l'apôtre Philippe ; il apparaît uniquement dans l'évangile selon Jean, lors du choix des premiers disciples (Jn 1:43-51) et près du lac de Tibériade où il est précisé qu'il est de Cana en Galilée (Jn 21:2)), montre que la vision a une signification plus profonde encore.


L’échelle représente le Seigneur lui-même, dans son humanité (l’échelle touche la terre) et dans sa divinité (le sommet de l’échelle atteint le ciel). Jacob bénéficie de la protection de Dieu dans la mesure où il est l’ancêtre du Christ, le moyen par lequel toutes les nations seraient bénies. : « Car jamais aucun n’a été réconcilié avec Dieu, que par le moyen de Jésus-Christ, et comme il n’a jamais eu qu’un seul Dieu, qui a toujours été le même sous le Vieil et sous le Nouveau Testament ; aussi n’y a-t-il jamais eu qu’un seul médiateur qui a toujours été le même, soit sous l’Ancienne, soit sous la Nouvelle Alliance, à savoir Jésus-Christ homme, lequel Dieu a proposé de tout temps pour propitiatoire par la foi en son sang. » Lui seul est capable de constituer cette échelle qui relie ciel et terre, Dieu et les hommes. Ni les saints, ni les anges, ni la Vierge Marie ne peuvent accomplir cette tâche. »

Vision scripturaire ‘Relatif aux saintes Écritures’ du jeune Jacob.

Celui-ci apparaît comme un exemple de vertu, de confiance en Dieu et de haute spiritualité. Or la Genèse nous présente plutôt une crapule opportuniste qui triche de manière éhontée pour obtenir la bénédiction paternelle et que Dieu doit faire passer par sa dure école avant que Jacob ne devienne Israël. Si Dieu a préféré Jacob à Esaü, ce n’est pas à cause de ses vertus ; ce choix a son origine en Dieu, comme l’élection en général.

Les mythes peuvent être déchiffrés comme des rêves, d’autant plus quand ils en prennent la forme. On ne peut bien sûr que penser, à propos de ce rêve de Jacob, à ce que nous indique Freud dans l’Interprétation des rêves, du symbolisme de l’échelle ou de l’escalier comme étant une représentation de rapports sexuels. « Les sentiers escarpés, les échelles, les escaliers, le fait de s’y trouver soit que l’on monte, soit qu’on y descende, sont des représentations symboliques de l’acte sexuel ».

Pour l’illustrer d’un exemple, Freud rapporte un rêve d’escalier qui concerne la mère et qui est donc un rêve œdipien typique, il figure dans le paragraphe intitulé Un rêve modifié d’escalier (p.319)

L’un de ses analysants faisait de nombreux rêves d’escalier. Freud lui ayant fait remarquer que l’abstinence concernant la masturbation n’était pas forcément la plus souhaitable pour lui, le jeune homme fit ce rêve en réponse : « Son professeur de piano (Freud en l’occurrence) lui reproche de négliger ses exercices, de ne pas jouer les Etudes de Moscheles et le Gradus ad Parnassum de Clementi. Il dit, en commentaire, que le gradus est aussi un escalier et le clavier de même, puisqu’il contient une échelle ».



Si nous revenons maintenant au rêve de Jacob, on constate que, si rapport sexuel il y a, c’est avec Dieu, même si se sont les anges qui montent et descendent l’échelle.

Mais comme ce rêve est aussi complété par cette autre phrase « que ce lieu est redoutable, c’est ici la maison de Dieu, c’est ici la porte des cieux » on peut aussi considérer que cette maison de Dieu, comme l’église, ou le temple, représente la mère.

Ainsi ce rêve de Jacob est à rapprocher pour l’éclairer, de la représentation de la scène primitive de l’Homme aux loups et peut donc être considéré comme étant la mise en scène d’un fantasme de retour au ventre maternel, fantasme au cours duquel il a ainsi l’occasion de rencontrer le père.

Ce fantasme paradoxalement Freud l’interprète, alors qu’il s’agit d’un fantasme de retour au ventre de la mère, comme étant issu d’un attachement au père : « on voudrait être dans le corps de la mère, pour se substituer à elle dans le coït, prendre sa place auprès du père ».

Prendre sa place implique bien sûr aussi d’avoir des enfants du père. De ce point de vue Jacob sera comblé, comme Dieu le lui promet, par les anges qui sont ses messagers, il aura une nombreuse descendance : « Ta postérité sera comme la poussière de la terre ; tu t’étendras à l’occident et à l’orient, au septentrion et au midi et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. »

Si avec ce songe de Jacob, on évoque en même temps, son combat avec l’ange qui est décrit dans la Genèse (XXXII, 7-15) combat dont Jacob sort victorieux, nous retrouvons les références bibliques des doubles liens d’un fils à son père, ce que Lacan a appelé la « père-version », d’une part la haine et le désir de triompher de lui et de le voir disparaître, d’autre part, l’amour, un amour féminin passif, entaché de culpabilité et accentuant donc le versant masochiste du fils en référence au sadisme du père.


Marc Chagall a illustré l’Ancien Testament le songe de Jacob.


Comme le dit Jacob, ce lieu est terrible, lieu de toutes les angoisses, dont celles de la castration.

D’ailleurs de cette double épreuve, Jacob ne sortit pas indemne. Il fût blessé à la hanche comme Œdipe au pied. Il se mit à boiter, à jamais éclopé ! Il changea aussi de nom et fut baptisé par Elohim « Israël » celui qui combat, sans doute en sous-entendu, ce nom indique-t-il aussi celui qui a triomphé, triomphé dans son combat avec le père.

Saint Bernard de Clairvaux voyait en la Vierge Marie une conformité sans tache à la vie de Jésus-Christ, unique médiateur entre Dieu et les hommes dans la foi chrétienne, si bien qu'il alla jusqu'à dire dans son sermon intitulée l'Aqueduc (où Marie est comparée un aqueduc par lequel Dieu communique à l'humanité toutes les grâces, y compris le Christ qui est l'Auteur de la grâce) : « [Marie] est « l'échelle de Jacob,» de ce saint patriarche qui, dormant la tête sur une pierre, mérita de voir les anges montants et descendants. Cette échelle a douze degrés compris entre ses deux côtés. Le côté droit est le mépris de soi jusqu'à l'amour de Dieu : le gauche est le mépris du monde jusqu'à l'amour du royaume des cieux. Les douze degrés par lesquels on monte sont les douze degrés de l'humilité. ».

Saint Bernard de Clairvaux


En outre, le R.P. Garrigou-Lagrange écrit que : "Saint François d'Assise comprit un jour par une vision que ses fils s'efforçaient vainement d'atteindre Notre-Seigneur par une échelle abrupte qui montait immédiatement vers lui ; Jésus lui montra alors une autre échelle de pente plus douce au sommet de laquelle apparaissait Marie, et il lui dit : « Conseille à tes fils de prendre l'échelle de ma Mère. »



Réginald Garrigou-Lagrange (né le 21 février 1877 à Auch (Gers) et mort le 15 février 1964 à Rome) est un théologien dominicain français


"Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham. Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères... Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle est né Jésus qui est appelé Christ (le Oint)" (Matthieu 1:1, 2 et 16).

Ce texte mentionne la filiation directe du Messie (le Christ), "fils de Juda, fils de Jacob". La filiation de Jésus le mentionne en premier lieu comme "fils de David". Or, le mot "Massiah", selon sa signification complète, veut dire "le roi qui est oint". De par sa descendance davidique et son appartenance à la tribu de Juda, Jésus est roi. De par sa descendance d'Abraham, Isaac et Jacob, il est également un Hébreu (tout comme l'apôtre le reconnaîtra lui-même). Il est donc roi de par sa lignée comme de par sa descendance. Il est donc homme mais il est également Dieu. S'il ne l'était pas, il ne pourrait être "le Rocher" dont les Écritures font mention. Mais s'il est le Rocher mentionné dans les Écritures, il est également "la Pierre Angulaire" (Ephésiens 2:20). L'apôtre Paul fait probablement allusion, en mentionnant cette "pierre" si particulière, à ce texte d'Esaïe qui dit : « Ainsi parle le Seigneur : j'ai mis pour fondement en Sion une pierre, une pierre éprouvée, une pierre angulaire de prix, solidement posée. » (Esaïe 28:16). Ce texte d'Esaïe fait lui-même écho à une question que Dieu posa à Job : « Où étais-tu quand je fondais la terre ?... Sur quoi ses bases sont-elles appuyées ? Qui en a posé la pierre angulaire ? .... »

« Où étais-tu quand je fondais la terre ? Sur quoi ses bases sont-elles appuyées ? » demande Dieu à Job. Sur cette même terre que Dieu avait créée, l'escalier du songe de Jacob était posé. Et cette pierre sur laquelle reposait sa tête durant son sommeil devait être dressée et ointe. À son retour de Paddan-Aram, lorsque Jacob va faire la rencontre de l'ange de l’Éternel, celui-ci lui donnera un nouveau nom : Israël, avec cette promesse : "Des rois sortiront de tes reins" (Gen. 35:10 et11).

Jacob était parti de Beer-Schéba pour aller à Charan, et de Paddan-Aram il revint à Hébron. Mais spirituellement, Jacob partit de Péniel, là où il avait vu "la face de Dieu", et il revint à Bethel, "la maison de Dieu". Cette "maison de Dieu" (le Temple) fut bâtie beaucoup plus tard sur une montagne qu'Abraham avait gravie avec son fils Isaac, la montagne de Morijah.

Cette maison fut bâtie sur "la pierre angulaire" de la foi au Dieu d'Israël et en Son Messie qui devait venir. L'auteur de l’Épître aux Hébreux dira que "chaque maison est construite par quelqu'un mais celui qui construit toutes choses c'est Dieu" (Héb. 3:4). Plus loin, ce même auteur rappellera l'alliance que Dieu a contractée avec "la maison d'Israël" (la postérité de Jacob à qui Dieu avait promis cette terre où Jacob avait fait ce songe).

Paul écrira à Timothée que « la maison de Dieu est l'Église du Dieu vivant » (1 Tim. 3:15). Et Pierre, apôtre des Juifs, écrira à ceux de la Diaspora qui ont reconnu Jésus comme leur Messie : « Et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle. » (1 Pierre 2:5).

Peut-être, en formulant ces mots, pensait-il aux douze pierres que Jacob avait entassées pour s'en faire un chevet afin d'y poser sa tête ? Péniel, ce "Lieu" où Jacob a vu "la face de Dieu", nourrira encore bien des réflexions. Il est le lieu où fut posée autrefois la pierre angulaire, celle sur laquelle repose pour toujours notre espérance et notre foi.

Mes frères, n’oublions jamais que l’amour fraternel est la base, la pierre angulaire, le ciment et la gloire de notre vieille confrérie. Que nos cœurs se rapprochent en même temps que nos mains, que l’amour fraternel unisse tous les maillons de cette chaîne formée librement par nous. Comprenons que la grandeur et la beauté de ce rite ancestral, pénétrons-nous de son sens profond. Cette chaîne nous unit à tous nos frères heureux ou malheureux répandus sur la surface de la terre. En elles sont toujours présents ceux qui la formaient hier. Qu’elle soit l’emblème de la tradition que nous avons régulièrement reçue, que nous maintenons sans faillir et que nous transmettons dans sa plénitude aux générations à venir. Elevons notre esprit vers le GADL’U qui est Dieu, origine inconnue des mondes et jurons de travailler sans relâche, en bons et fidèles francs-maçons, au grand œuvre de la fraternité universelle.


Ce travail ce veut une synthèse de l’œuvre de Michel Le Faucheur avec toujours un pas de côté...



Michel Le Faucheur

(1585-1657)

Sermon sur l’échelle de Jacob



GL, 08/2022.



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