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Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité...


Jean-Paul Sartre


Notre Très Cher Frère Gérard Lefèvre nous offre une réflexion sur ce concept de lumière si important dans toutes spiritualités. Il écrit :


Objet de nombreux cultes, la lumière possède un symbolisme riche et relativement accessible, intimement lié à celui du feu, du soleil et de la lune (à ce titre, notons que la lumière du soleil est directe et immédiate, alors que la lumière de la lune est réfléchie).

La première caractéristique de la lumière est son côté abstrait : la lumière est au-delà de la forme, elle est impalpable ; elle est donc de nature typiquement spirituelle, par opposition avec la matière qui est, elle un mélange d'éléments hétérogènes.

Mais la lumière éclaire la matière : elle explique le monde, elle permet de comprendre les choses physiques. Elle entretient donc un rapport étroit avec le domaine du concret : elle est un pont entre matière et esprit.

La lumière s’oppose-t-elle à l’obscurité et aux ténèbres ? Une première analyse consisterait à associer ces termes au chaos et à l’ordre (Ordo ab Chao) :

En alchimie, l’ordre et le chaos sont définis à travers le concept d’Un-le-Tout, aussi associé à l’Ouroboros (serpent qui se mord la queue, c’est-à-dire qui se crée et se dissout lui-même) ou encore à l’œuf cosmique. Un-le-Tout, symbolisé par le cercle, contient en lui-même l’ordre et le désordre. C’est la dualité réconciliée dans l’unité.

La deuxième analyse serait la séparation de ces deux énergies qui rappelle le Fiat lux et facta est lux de la Genèse : « que la lumière soit, et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres ».


Une autre analyse, consisterait à se placer au niveau du psychisme humain (Freud introduit ce concept vers 1920), ainsi :

  • les ténèbres seraient le désordre mental, l’incapacité à voir l’ordre et la perfection du monde,

  • à l’inverse, la lumière serait celle de la conscience éclairée, c’est-à-dire la reconnaissance de l’ordre universel éternel, et l’acceptation de cet ordre.

Les ténèbres seraient donc désordre intérieur, oubli, incompréhension ou incapacité à voir ; cette obscurité causerait souffrance mentale et troubles dans les rapports humains.

La lumière serait au contraire le souvenir de l’ordre cosmique, la reconnaissance des lois qui régissent l’univers, ou tout simplement l’acceptation des choses telles qu’elles sont.

Une autre analyse bien différente, mais qui nous est très chère : l’apprenti franc-maçon « ne sait ni lire ni écrire ». Aussi a-t-il besoin de «lumière», pour apprendre à lire dans le vaste domaine de la pensée et à écrire par le biais de l’action qu’il pose. Dans cette perspective, la lumière devient un concept, un symbole, un objectif, un secret, la connaissance et le principe créateur.

La lumière symbolique de l’initiation fait donc des autres sources lumineuses, des leitmotivs, des accessoires ou des contributions nécessaires. Elle permet de lier ce qui est sensible à ce qui est intuitif. Elle est sans doute la conjugaison ou la somme des différentes lumières évoquées plus haut car, « tout ce qui monte converge « Pierre Teilhard De Chardin » ».ou plus clairement : car, par nature tout ce qui est foi monte; et tout ce qui monte converge inévitablement.


Pierre Teilhard De Chardin


On peut ainsi l’assimiler à la sagesse, à l’intelligence, à connaissance, à la conscience, à la foi dans la liberté et le progrès. « Cette lumière est le principe unificateur de toute dualité ». Elle nous permet de nous réconcilier avec nous-mêmes et de fondre notre raison avec la raison universelle.


Il existe de nombreuses sources lumineuses dont l’inventaire est assez impressionnant au terme de l’ouverture des travaux. En effet, il y a les cinq lumières de la Loge, les trois grandes lumières, le chandelier à trois branches, la voûte étoilée, le soleil et la lune, sans omettre le prologues de saint Jean :

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.


Ces différentes lumières que l’apprenti reconnaît avoir vues lors de son initiation, sont toutes importantes, mais toutes ne se valent pas. Chacune des sources recèle d’éléments enrichissants à qui veut et peut les discerner. Ce qui nous fait dire que lors de l’initiation, les lumières matérielles (symbole, rythme, rite, légendes et proverbes) ouvrent les yeux du néophyte aux mystères.

Par l’initiation, les francs-maçons cherchent «la lumière», mais leur devoir est ensuite de «répandre les vérités acquises». Chercher la lumière, mais répandre la vérité: étrange paradoxe.

Chez Platon, la vérité est également associée à la lumière : « La connaissance et la vérité, il est juste de penser qu’elles sont, comme la lumière et la vue, semblables au Soleil dans le monde visible.

« La connaissance du bien est comme la lumière d’une flamme qui brille dans l’âme. »

Dans la célèbre allégorie de la caverne, qui résume toute sa philosophie, Platon va justement utiliser tout le registre métaphorique de l’ombre et de la lumière pour illustrer l’itinéraire du philosophe qui se délivre des ténèbres pour grimper vers la lumière et enfin contempler le soleil.

La lumière joue également un rôle cosmologique considérable d’après Saint Augustin.

Dans son commentaire du récit biblique de la création, Augustin souligne avec enthousiasme que la lumière est créée au moment où Dieu parle pour la toute première fois. La parole divine est lumière du monde, une lumière sort la matière des ténèbres du chaos, qui lui donne ses contours. Avant la création de la lumière, c’est-à-dire avant que Dieu parle pour la première fois, la terre était informe et vide.

Ce n’est pas par sa parole que Dieu créa le ciel et la terre, car la matière à l’état pur étant intrinsèquement informe, elle est sans aucun rapport possible avec la parole divine. La parole de Dieu crée la lumière, car la lumière se confond avec l’intelligence,



Pour conclure en paraphrasant Hermès Trismégiste « Il fut un temps où, « sages parmi les sages » les enfants de la Lumière vivaient parmi les hommes et ils étaient puissants parce que leur pouvoir venait du feu éternel. Et il ajoutait : « Nous ne sommes pas de la terre, mais des enfants de l’infinie lumière cosmique. Ne vois-tu pas, O homme, quel est ton héritage ? Ne vois-tu pas que tu es lumière véritable ? Soleil du Grand Soleil tu seras. Lorsque tu auras acquis la Sagesse tu deviendras conscient de ton appartenance à la lumière».


Hermès Trismégiste

GL 07/20




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