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"Noli me tangere!"


Par Le Corrège (1525), Musée du Prado.


Notre Très Cher Frère Gérard Lefèvre nous invite à un rapprochement entre les secrets maçonniques liés au mot, signe et attouchement et leur correspondants dans la Bible. Il écrit :

Préambule.

Les francs maçons ont leurs mots, leurs signes, leurs attouchements, propes à chaque degré initiatique. Le mot apparait comme la manifestation phonétique d’un concept intellectuel, il est le le chariot des idées, le verbe lui est créateur, créateur de l’être, de son affirmation et de la la force du mot communiqué par le souffle intérieur.

Le signe, puis l’attouchement sont la préparation de la communication du mot, qui se se transmettra par une accolade fraternelle, les apparences disparaîtront laissant place au langage intérieur du cœur. L’enseignement maçonnique des signes, attouchements ne sera donc pas un acte grossier, mais un acte fort secret ayant un sens profond.

Attouchements : Signes de reconnaissance que les maçons échangent, souvent lors d'une poignée de main. Les attouchements changent et deviennent plus complexes selon les différents grades. On peut observer que ces signes de reconnaissance sont utilisés traditionnellement depuis la plus haute Antiquité. Pour les Grecs, comme pour les Égyptiens et les Celtes, chaque doigt était attribué à un dieu, car les doigts expriment toujours une activité et une énergie. Ne sont actifs que les doigts ouverts, tendus ou rayonnants.

Origine maçonnique.

La plus ancienne loge maçonnique connue, dont on puisse clairement établir qu'elle était structurellement distincte de la corporation locale de maçons opératifs (à laquelle elle restait cependant adossée), fut celle de Mary's Chapel (1) en 1599 sous l'autorité de William de Saint Clair *, à Édimbourg en Écosse. Comme elle, la plupart des toutes premières loges maçonniques distinctes des corporations, sont écossaises et créées sous le régime des Statuts Schaw. Elles sont jalouses de leur indépendance et pratiquent : • soit l'ancienne cérémonie d'admission datant des corporations et connue sous le nom de « Rite des Anciens Devoirs » • soit, à partir des années 1630 et en milieu presbytérien, un rituel d'initiation fort simple, connu sous le nom de « Rite du Mot de maçon ».

Ce rituel comporte la transmission d'un « secret », à l'origine composée uniquement d'une poignée de main et de deux mots de passe. *« Sinclair est le nom du clan écossais dont font partie les Rosslyn et les Caithness. Les loges écossaises, à partir de 1439, auront comme protecteurs héréditaires les seigneurs Saint-Clair de Rosslyn. »


Et la Bible ? Noli me tangere « Ne Me touchez pas » Ce sont là probablement les paroles latines les plus connues de l’Évangile selon saint Jean (Jean 20 :17), initialement écrit en langue grecque. Jésus les adresse à Marie-Madeleine, le matin qui suivit la résurrection. Ce matin-là, elle s’est rendue au tombeau pour oindre le corps du défunt. Sans prononcer un mot, mais avec le signe et l’attouchement qui accompagnent l’onction, elle voulait ainsi lui rendre un dernier hommage. « Ne Me touchez pas ». L’ironie veut que tout ce récit est peut- être le résultat d’une erreur de traduction car dans l’Évangile selon saint Matthieu (Matthieu 28 : 9), Marie saisit bel et bien ses pieds et se prosterne. Dans le texte primitif, grec, on peut lire littéralement µη µου απτου, ce qui peut également signifier « Laissez-moi partir » ou « Ne vous cramponnez pas ». Dans cette interprétation de certains exégètes, Jésus dit donc à Marie qu’elle ne doit pas le retenir alors qu’il part pour rejoindre son Père. En complément de mon travail « Pour faire le premier pas, vous n’avez pas besoin de voir tout l’escalier. » Dans le silence de la nuit noire « quelqu’un » (Est-ce Dieu ? Ou le Christ ? comme le pense Luther) s’approche de Jacob et leur lutte vise à contraindre l’adversaire à se coucher le ventre et la poitrine à terre, pour ensuite briser la nuque en tournant brusquement sa tête. C’est donc une lutte mortelle, sans merci.

« Le soleil se levait, lorsqu’il passa Peniel. Jacob boitait de la hanche. Car Dieu frappa Jacob à l’emboîture de la hanche, au tendon. » Les mots : "Je ne te laisserai point aller, que Tu ne m’aies béni" — Ge 32, 26) — les signes (après la lutte, il boite de la hanche) et les attouchements (la lutte, je ne te lâcherai pas) (Le combat de Jacob avec l’ange (Ge 32,23-32)) ont produit leurs effets et n’ont rien perdu de leur impact dans ce magnifique récit. Après lesmots, signes et attouchements, Jacob est passé des ténèbres à la lumière : post tenebras lux (aprèsl’obscurité vient la lumière).


« Mots », « signes » et « attouchements » combinés figurent non seulement dans ce passage de récit biblique, pour marquer des moments cruciaux et des changements dans l’existence, également ailleurs dans le canon littéraire judéo-chrétien. Ce dernier a fortement influencé les rituels maçonniques. En 1938 encore, les Grandes Loges d’Écosse, d’Angleterre et d’Irlande ont signé une charte dans laquelle elles rappellent : « La Bible, à laquelle les francs-maçons se réfèrent comme le Volume de la Loi sacrée, reste toujours ouverte pour les travaux en loge. Tout candidat est tenu de prêter serment sur ce Livre, ou sur le Volume qui, dans sa foi particulière, est censé conférer un caractère sacré aux serments ou aux promesses prononcés dessus. »

La franc-maçonnerie puise en effet ses rituels dans un réservoir moral identitaire inspiré par la Bible. En ce qui concerne le Rite Français, la lecture du rituel d’origine qui fait foi, le « Régulateur du Maçon », forme imprimée en 1801 des différents rituels manuscrits (1785, 1787, etc.), permet de découvrir que ce rite était fort peu religieux, n’avait pas la Bible sur l’autel du Vénérable, que le prologue de l’évangile de Jean, n’était pas lu avant ’l'ouverture des travaux, que la question « Qu’est-ce que l’homme doit à Dieu ? » ne figurait pas dans les questions de la Chambre des Réflexions , et que l’obligation se prenait sur « les statuts généraux de l’Ordre », et que la chaîne d’union et que le texte qui l’accompagne était une interpolation tardive introduite dans la Tenue en contradiction avec l’esprit du Rite Français pur et ancien. Ce Rite a dû faire l'objet d'altération au XIXe siècle jusqu'à sa complète transformation par des organisations maçonniques sociétales.

Le jeu maçonnique, qui oriente notre morale par ses mots, signes et attouchements, est truffé de légendes bibliques et parabibliques, comme nous venons de le dire. En outre, les saisons chrétiennes rythment l’année maçonnique, par exemple les solstices de la Saint-Jean d’été et de la Saint-Jean d’hiver. Et combien de passages relatant les miracles de Jésus dans lesquels les mots, les signes et les attouchements Interagissent n’ai-je dû écarter... Les mots, signes et attouchements sont en effet communiqués pendant le déroulement du rituel. C’est un seul ensemble et le secret maçonnique est absolument individuel, une lumière intérieure qui jaillit de la combinaison de ces trois éléments enchâssés dans la cérémonie. Personne n’a réussi à mieux le dire que Giacomo Casanova (1725-1798), dans ce texte de ses Mémoires, rendue célèbre par son caractère énigmatique. Il y parle du secret de la franc-maçonnerie et notamment des mots, signes et attouchements maçonniques : « Les hommes qui ne se font recevoir francs-maçons que dans l’intention de parvenir à connaître le secret de l’ordre, courent grand risque de vieillir sous la truelle sans jamais atteindre leur but. Il y a cependant unsecret, mais il est tellement inviolable qu’il n’a jamais été dit ou confié à personne. Ceux qui s’arrêtent à la superficie des choses pensent que le secret consiste en mots, signes et attouchements, ou qu’enfin le grand mot est au dernier degré. Erreur. Celui qui devine le secret de la franc- maçonnerie, car on ne le sait jamais qu’en le devinant, ne parvient à cette connaissance qu’à force de fréquenter les loges, qu’à force de réfléchir,de raisonner, de comparer et de déduire. Il ne le confie pas à son meilleur ami en maçonnerie, car il sait ques’il ne l’a pas deviné comme lui, il n’aura pas le talent d’en tirer parti dès qu’il le lui aura dit à l’oreille. Il se tait,et ce secret est toujours secret. » Donc, selon Casanova, celui qui pense que le secret consiste en mots, signes et attouchements se trompe.

Nous pourrions ajouter qu’apercevoir l’énigme maçonnique reste une tâche exaltante, à condition de ne pas faire de la répétition, et de donner plus d’importance aux analyses des contextes qui abritent les « secrets » maçonniques, et permettent de dépasser les interprétations herméneutiques, pour postuler des vérités pléonastiques.



Un Franc-maçon se reconnaît à sa façon d’agir, toujours franche et intègre (Signes) ; à son langage juste et sincère (Mots) ; enfin à la bienveillance et à la cordialité fraternelle qu’il manifeste en tout lieu et en tout temps (Attouchements).

GL travail de synthèse 01/2023




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