MaƧonnerie spƩculative et Kabbale.
- ITER
- 27 aoƻt 2022
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Notre TCF Gérard Lefèvre nous invite à une réflexion sur les racines possibles de la spiritualité maçonnique. Il écrit :
Il ne serait pas inutile de fixer quelque peu nos idĆ©es sur la nature psychologique du mysticisme (recherche de l'absolu ou de Dieu Ć travers la contemplation ou l'extase), sur son caractĆØre, en quelque sorte, prĆ©dominant chez les HĆ©breux, avant de tenter dāaborder ce vaste sujet, la Kabbale, Ā« du cĆ“tĆ© maƧonnique cela va de soi Ā».
Globalement, le mysticisme dans son acception profonde nous apparaĆ®t comme un mode de haute spiritualitĆ©, trĆØs frĆ©quent dans les hommes de gĆ©nie, ou mĆŖme chez un groupe dāhommes spĆ©cifiquement religieux.
Bien que leurs premiers ouvrages connus datent de notre ĆØre, les kabbalistes considĆØrent que le savoir Ć©sotĆ©rique quāils vĆ©hiculent ne provient pas dāinterprĆ©tations tardives de la Bible, mais remonte Ć MoĆÆse.
En effet, celui-ci aurait reƧu, en mĆŖme temps que la loi Ć©crite de la Torah qui sāadresse Ć tout le peuple juif, la transmission orale dāune Torah Ć©sotĆ©rique destinĆ©e aux initiĆ©s.

Torah
Les rituels et bien des Ć©lĆ©ments du Temple maƧonnique se rĆ©fĆØrent au Temple de Salomon, sans que cela implique que la Kabbale ait influencĆ© la Franc-maƧonnerie. Il semble difficile dāaffirmer que la Kabbale telle quelle est ait une influence directe sur la Franc-maƧonnerie.
Ce ne sont pas les Juifs qui ont crƩƩ la franc-maƧonnerie ; ce sont les protestants, en 1721, sous la Grande maĆ®trise du Comte de Montagu. Cāest un autre pasteur calviniste, James Anderson, qui fut chargĆ© de la rĆ©daction des nouvelles Constitutions maƧonniques. Lāouvrage fut prĆ©sentĆ© par Montagu, sous le nom de Constitutions des Francs-maƧons Ć son successeur le Duc de Wharton ; mais elles restent connues, dans lāhistoriographie maƧonnique, comme les Constitutions dāAnderson. La pensĆ©e de Desaguliers inspire fortement ce texte qui paraĆ®t dāailleurs avec sa dĆ©dicace. Cāest cet Ć©crit que la Grande Loge de Londres adoptera pour rĆØgle en 1723, fondant ainsi la Franc-maƧonnerie moderne. Le protestantisme, quāil le veuille ou non, est bien liĆ© Ć la Franc-maƧonnerie.
Pendant longtemps, la qualitĆ© dāisraĆ©lite a Ć©tĆ© un obstacle Ć lāinitiation. Cāest seulement au convent de Wilhelmsbad (juillet 1782) quāil fut dĆ©cidĆ© quāune loge nāaurait pas le droit de refuser dāinitier un Juif pour le seul motif de son origine juive. Dāabord parce que les Juifs ne furent admis dans les loges que tardivement et en tout cas aprĆØs la formation de la F.M. spĆ©culative, laquelle hĆ©rita dāun corpus spirituel et philosophique dĆ©jĆ formĆ©, ensuite pour cette raison que nul ne peut pĆ©nĆ©trer la Kabbale sĆ©rieusement sans un bagage religieux et linguistique adĆ©quat hors ce nāĆ©tait pas le cas de la majoritĆ© des maƧons du XVIIIe siĆØcle, ni la mienne...Ć ce jour.
Alors comment les maƧons sont-ils entrƩs en contact avec la Kabbale ?

Par la Kabbale chrétienne (parfois nommée Kabbale de la Renaissance, ou Kabbale philosophique, est un courant philosophique chrétien inauguré par Pic de la Mirandole au XVe siècle et qui consiste à adapter les techniques d'interprétation kabbalistique au christianisme en général et au Nouveau Testament en particulier.)
Bien entendu, des chrĆ©tiens, des humanistes de la Renaissance ont importĆ© la Kabbale que lāon a revisitĆ©e Ć partir du XVe siĆØcle, les Italiens Jean Pic de la Mirandole, Paul Ricci un Juif converti, le franƧais Guillaume Postel traducteur du Zohar (Le Sepher ha-Zohar ā Livre de la Splendeur ā. Aussi appelĆ© Zohar ×Ö¹×ַר), cet ouvrage est l'Åuvre maĆ®tresse de la Kabbale, rĆ©digĆ©e en aramĆ©en. Les humanistes de la Renaissance sāen servent Ć des fins apologĆ©tiques pour tenter de prouver la vĆ©racitĆ© de la seule religion chrĆ©tienne et partant pour convaincre les Juifs de la nĆ©cessitĆ© de se convertir.
Ainsi tentent-ils de prouver par le jeu des valeurs numĆ©riques des lettres hĆ©braĆÆques que le Christ est bien le Messie. On se trouve manifestement ici devant des lectures de la Kabbale qui tiennent davantage dāune tentative de rĆ©cupĆ©ration que dāune exĆ©gĆØse authentique.
De nombreuses exploitations de la Kabbale par des traditions qui lui sont Ć©trangĆØres vont se faire jour. DĆØs le SiĆØcle des LumiĆØres, elle commence Ć sentir le souffre, le XIXe siĆØcle la tient pour un vestige de lāobscurantisme, certains Ć©sotĆ©ristes sāen emparent sous sa forme chrĆ©tienne principalement pour lāintĆ©grer dans leur construction hasardeuse dāun occultisme de bazar ou se mĆŖlent, magie, tarot, spiritisme et divination.
Cāest ainsi que le 13 mai 1868 se tient sans doute la premiĆØre rĆ©union maƧonnique Ć JĆ©rusalem, dans la grotte de SĆ©dĆ©cias (Roi de Juda) situĆ©e prĆØs de la porte de Damas et dont lāentrĆ©e ne fut dĆ©couverte quāen 1852. Cette caverne - situĆ©e Ć lāemplacement des fondations du Temple -, on la connaĆ®t sous le nom des Ā« CarriĆØres du Roi Salomon Ā»... La premiĆØre loge maƧonnique implantĆ©e sur le territoire dāIsraĆ«l est donc celle du Roi Salomon, reconnue en 1873 par la Grande Loge du Canada.
A lāĆ©poque du roi Salomon, il y avait beaucoup de temples dissĆ©minĆ©s dans les royaumes du Proche-Orient. Ils sont tous tombĆ©s dans lāoubli, sauf le Temple de Salomon.
Ce qui le diffĆ©rencie des autres ne consiste pas que dans la consĆ©cration du Dieu unique, mais aussi dans la prĆ©sence de ce Dieu Ć lāintĆ©rieur du Temple. Cāest ce quāon appelle la Shekinah (est un mot fĆ©minin hĆ©braĆÆque signifiant PrĆ©sence divine, utilisĆ© pour dĆ©signer la prĆ©sence de Dieu parmi son peuple, le peuple d'IsraĆ«l ou l'immanence divine dans le monde, particuliĆØrement dans le Temple de JĆ©rusalem). Cela ne signifie pas que Dieu est absent du reste du monde.

Il est prĆ©sent partout Ć des degrĆ©s divers, une conception Ć distinguer de celle de Spinoza selon lequel Dieu et la nature se confondent. Il est donc Ā« un peu plus Ā» prĆ©sent Ć lāintĆ©rieur du Temple, dans le Saint des Saints qui contient lāArche dāalliance. La destruction du Temple et la perte de lāArche ont Ć©tĆ© une grande catastrophe. Le Temple de Dieu a disparu et avec lui sa prĆ©sence de plus grande intensitĆ©.
Le Temple maƧonnique reprƩsente-t-il une tentative de le faire revenir ?

Il y a plusieurs diffĆ©rences entre le Temple de Salomon et le temple maƧonnique. Le premier est un temple unique qui est fermĆ© au public. AprĆØs la dĆ©vastation de JĆ©rusalem par les armĆ©es de Titus, en 70 ap. J.C., les HĆ©breux priaient dans les synagogues, devenus lieux Ć la fois, cultuels et culrturels. Les temples maƧonniques sont multiples et servent Ć accomplir des rites en prĆ©sence des FrĆØres. Aucune trace dāArche dāalliance dans ces temples. Ils ne sont pas le Temple de Dieu, mais les Temples de lāHomme.
Le monde subsiste et le Franc-maƧon est en premiĆØre ligne pour tenter de regagner le bon chemin en vue dāobtenir le retour de la Shekinah.
A cette fin, il utilise les outils des bĆ¢tisseurs comme symboles de la remontĆ©e et il se met Ā« hors du temps Ā», car au bout du compte, notre nature divine se dĆ©couvre Ć lāintĆ©rieur de nous-mĆŖmes, elle est tout simplement lĆ et il suffit de la chercher. Elle dĆ©voile lāunitĆ© du monde dans le moment prĆ©sent et la comprĆ©hension dāĆŖtre Un avec le Grand Architecte de lāUnivers lui-mĆŖme, Ā« lequel est plus grand que tous les mondes ensemble Ā». Le temple maƧonnique est sacrĆ© par le fait quāil devient le lieu de rencontre entre lāhomme et la divinitĆ©.

Pour le Franc-maƧon, le Temple cāest lui-mĆŖme. Il est dans le temple physique pour construire son propre temple spirituel. Du point de vue kabbalistique, le Temple contient les dix Ć©manations de Dieu qui ont surgi au moment de la crĆ©ation, et que lāon appelle Sephiroth (en hĆ©breu הפ×ר××Ŗ sont dix puissances crĆ©atrices Ć©numĆ©rĆ©es par la Kabbale dans son approche mystique du mystĆØre de la CrĆ©ation).
Ces Ć©manations figurent lāHomme Primordial, et leur complĆ©tude confirme que le Temple reprĆ©sente lāHomme. Chacune dāentre elles correspond Ć une qualitĆ© essentielle : couronne (LumiĆØre), sagesse, intelligence, amour (GrĆ¢ce), rigueur (Justice), beautĆ©, victoire, gloire, fondation, royaume (Terre).

En gĆ©nĆ©ral, les Sephiroth sont dessinĆ©es sous forme de sphĆØres parcourant trois colonnes, car elles se rapportent Ć ce qui est appelĆ© lāArbre de vie. Les deux colonnes latĆ©rales se rapportent aux colonnes J et B du Temple maƧonnique. Yakin signifie Ā« il Ć©tablira Ā» et Boaz Ā« en lui la force Ā». Comment comprendre ces Ć©pigrammes ? En sāinspirant dāindications bibliques : Ā« En Lui (Dieu) est la puissance dont le roi se rĆ©jouit Ā» (Ps 21, 3). Les colonnes sont Ć lāintĆ©rieur du Temple, car cāest Ć lāHomme, qui se situe entre elles, de rĆ©aliser lāharmonie entre rigueur et amour.
Selon certains auteurs, elles symbolisent la dualitĆ©. Afin de trancher cette question, penchons-nous sur la prĆ©sentation des colonnes du Temple de Salomon : A lāorigine, elles ont Ć©tĆ© Ć©rigĆ©es selon un ancien procĆ©dĆ© dāobservation pour dĆ©terminer les temps importants de lāannĆ©e. Les colonnes avaient donc pour fonction lāobservation astronomique, tout en intĆ©grant la signification traditionnelle de ce qui deviendra les Saint-Jean dans nos rituels.
Sur le plan Ć©sotĆ©rique, nous avons affaire Ć une prĆ©sentation ternaire et non pas dualiste. La ligne du milieu traverse le Temple, le pavĆ© mosaĆÆque, lāautel sur lequel se trouve les trois LumiĆØres, mais aussi, du point de vue kabbalistique, Daath (Sagesse (Hokhmah ā ×Öø×Ö°×Öø×), Intelligence (Binah ā ××Ö¼× Öø×) et Connaissance (Daāath ā ×Ö·×¢Ö·×Ŗ) sont les trois concepts majeurs de la pensĆ©e kabbalistique) qui, sans faire partie des Sephiroth, prend une place sur leur arbre et dĆ©signe la Connaissance. En poussant la ligne jusquāau bout, nous rencontrons le VĆ©nĆ©rable en Chaire pour finir avec le Delta lumineux.
Si la Pierre Brute quāon a affectĆ© Ć lāapprenti nāest guĆØre facile Ć tailler, il va sāatteler Ć la tĆ¢che avec ardeur, croyant quāen la travaillant il va atteindre le but suprĆŖme ; et mĆŖme en sāamĆ©liorant, il nāaboutira quāĆ une grande autosatisfaction vis-Ć -vis de lui-mĆŖme, et il aura construit un monument Ć son Ā« ego Ā». Cette pierre est la Schetiyah, la Pierre Fondamentale, celle qui fut posĆ©e lors de la fondation du Monde, la pierre assurant le lien de pĆØre en fils.
LāApprenti est cette pierre prĆ©levĆ©e du monde profane pour le faire monter vers la clef de voĆ»te. Elle nāa rien Ć voir avec le Ā« moi Ā», ou la personnalitĆ© Ć©gotique et psychologique de lāindividu, elle est le Ā« Soi Ā», par lequel on dĆ©passe tout Ć©gocentrisme pour sāunir aux autres.
LāApprenti Franc-maƧon doit monter de la Terre Ć la VoĆ»te Ć©toilĆ©e pour devenir lui-mĆŖme, ce dernier se joint alors, aux chandelles des trois piliers, Sagesse, Force, BeautĆ©, de lāunion de la mĆØche masculine active ; et de la cire fĆ©minine passive nait cette flamme qui, en se rĆ©sorbant dans lāinvisible, fait naĆ®tre lāesprit qui remonte vers la LumiĆØre des hauteurs, la Yekhidah.
« La Yekhidah ou Yehidah est une autre âme, la cinquième. D'abord on incarne les trois âmes Nephesh, Rouach et Neshamah. Mais les deux autres âmes, Chaiah et Yehidah, ne s'incarnent pas en nous, au lieu de cela, elles nous avalent. Et c'est pourquoi la plupart des rituels des temps anciens disaient que le Seigneur ne mange pas d'ordures, cela signifie que nous devons nous purifier et être dignes d'être avalés par Dieu, c'est-à -dire d'être emmenés comme Hénoch au ciel.
Lāabsence de dogme ou lāadogmatisme.

La Franc- maƧonnerie ne propose ni nāimpose aucun dogme. Elle a mĆŖme Ć©rigĆ© en dogme cette aversion pour le dogme ! La Franc-maƧonnerie, outre le Rite Ćcossais RectifiĆ© qui est fondĆ© sur une doctrine proche de la vision kabbaliste, nāa pas de doctrines, elle nāest quāune mĆ©thode dāapprĆ©hension de soi et du monde. Elle nāest en rien thĆ©ologique. Elle se contente de favoriser le cheminement et la rĆ©flexion personnels, au dĆ©part de lāinitiation. Elle veut faire de lāinitiĆ© un nouvel homme, mĆŖme si elle nāy parvient pas toujours... Le judaĆÆsme nāa pas plus de dogmes. La Torah nāest pas un traitĆ© thĆ©ologique, elle relate seulement des expĆ©riences religieuses. Cāest encore Alexandre Safran ( grand-rabbin de Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale) qui Ć©crit : Ā« Le judaĆÆsme ne saurait avoir de dogmes; il se propose de connaĆ®tre la volontĆ© de Dieu, et non sa nature; il nāimpose donc pas aux croyants de vĆ©ritĆ© ni de foi toute faite; il encourage la recherche personnelle de la foi. Ā»

Le grand kabbaliste A.D. Grad écrivait que « la Voie maçonnique se trouve fondée en Kabbale » puisque son symbolisme emprunte d'abord et essentiellement à celle-ci.
Ainsi, le Temple de Salomon régit toute la Maçonnerie bleue (celle des trois premiers grades), où les mots sacrés, sont en hébreu. Ensuite, dans les degrés supérieurs, le chemin de l'initié, du premier au quatrième degré, est jalonné de mots hébreux qui se présentent sous forme d'énigmes à décrypter, se superposant aux symboles présents dans la loge. C'est pourquoi, en 1830, Vuillaume, lorsqu'il écrivit son Tuileur (celui qui vérifie que le Maçon qui veut entrer dans la loge connaît les mots du grade), prit soin de faire précéder les mots hébreux correspondant à chaque degré d'un alphabet hébraïque.
Comment envisager lāapport hĆ©braĆÆque aux rituels maƧonniques ? Sous deux aspects qui mĆ©ritent sans aucun doute dāĆŖtre Ć©tudiĆ©s par tous les Ā« hommes de dĆ©sir Ā» qui peuplent les loges.
Le premier est celui de la dĆ©ambulation dans lāunivers biblique Ć laquelle nous invitent nombre de grades maƧonniques. En ce sens, cāest une sorte dāhistoire sainte que le MaƧon est invitĆ© Ć revivre, mais une histoire enrichie de lĆ©gendes nouvelles et purement maƧonniques.
Lāabord pertinent de ces rituels suppose une bonne culture biblique, et singuliĆØrement une connaissance suffisante des textes de lāAncien Testament, de leurs sources, des courants mythiques et religieux auxquels ils ont puisĆ© et qui les Ć©clairent. En derniĆØre analyse, cette culture religieuse de lāOrient ancien et particuliĆØrement de la tradition des HĆ©breux forme un bagage essentiel pour lāĆ©lucidation des grades en question.
En second lieu, il faut revenir Ć lāune des sources majeures de la pensĆ©e maƧonnique : le courant hermĆ©tico-kabbalistique de la Renaissance qui, dans une audacieuse et pĆ©rilleuse synthĆØse, a tentĆ© de concilier la mĆ©thode kabbalistique et le message chrĆ©tien, tout en les reliant Ć une tradition supposĆ©e remonter aux origines du monde et trouvant ses racines dans les rĆ©cits bibliques. La Kabbale chrĆ©tienne, la philosophie alchimique, la thĆ©osophie chrĆ©tienne, de Pic de la Mirandole Ć BohĆØme, sāinscrivent dans cette mouvance.

La Franc-maƧonnerie, en constituant son corpus iconographique autant que philosophique, y a largement puisƩ.
Cette source, riche et foisonnante, ne doit pas être négligée car elle renferme, elle aussi, des clés utiles à la compréhension de nombreux aspects des rituels et du symbolisme général de la Franc-maçonnerie.
Ce nāest hĆ©las quāun bref Ć©tat des lieux, ce nāen est pas moins aussi un programme de travail et de recherche.

GL, 06/2022.