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La pierre.


La Pierre est un symbole fondamental en Franc-Maçonnerie. Mais pas seulement en Franc-maçonnerie. Notre TRF Gérard Lefèvre nous emmène dans un voyage à travers l’histoire pour nous faire découvrir la place de la Pierre dans la symbolique de différentes civilisations, jusqu’à sa représentation spirituelle dans notre culture judéo-chrétienne. Il écrit :

Mémoire de l’humanité, écriture de la loi, de Moïse à Bouddha. Selon les écritures en Exode et Deutéronome, ces deux tables de pierre représentent les Dix Commandements de l’Alliance faite entre Dieu et les hommes.

Ceux-ci devront les conserver dans un coffre, qui n’est autre que l’Arche d’Alliance gardée par les deux chérubins et installée dans le Saint des Saints (ou débir) du premier temple de Jérusalem.

LE SYMBOLISME DE LA PIERRE À TRAVERS L’HISTOIRE

Lorsque les hommes ont voulu laisser un message à la postérité, c’est à la pierre qu’ils l’ont confié ; grâce à son caractère indestructible, et donc éternel, elle est une « mémoire » de l’humanité. Les exemples ne manquent pas dans l’Histoire pour nous en convaincre.

Ainsi en est-il des « Tables de la Loi» sur lesquelles fut gravé l’enseignement que l’éternel donna à Moïse sur le mont Sinaï. L’écriture d’un enseignement sacré est présente dans d’autres religions du monde.

C’est aussi dans le « Plus grand Livre du monde », qui se trouve à la pagode de Kuthodaw, en Birmanie, nous pouvons voir gravés à jamais, en langue pãli sur des stèles de pierre, les enseignements du Bouddha.

À Ninive, dans le palais du roi d Assyrie, on a retrouvé des pierres ainsi que des tablettes d’argile cuite gravées de signes cunéiformes, plusieurs fois millénaires.

Les obélisques de l’Égypte ancienne remplis de hiéroglyphes ne sont-ils pas, eux aussi, un témoignage sur plusieurs millénaires d’une civilisation disparue ?


LA PIERRE : SYMBOLE D’ÉTERNITÉ ET MÉMOIRE DE L’HUMANITÉ

Les alignements de pierre de la préhistoire ont-ils transmis un message aux générations futures ? « Menhirs et dolmens »

Le cas de Stonehenge : cet emblématique temple de la Préhistoire ? Quel est le message des Mégalithes ? « La religion des druides »

Ces pierres venues du ciel : messagères de l’infini ? « Météores, météorites et étoiles filantes Histoire et légendes, la pierre tombée du front de l’ange déchu, la légende des pierres de foudre ou « céraunies » ».

La pierre de Rosette : la pierre qui a permis le déchiffrement des hiéroglyphes Le lapis niger (pierre noire).

A Rome Les bâtisseurs de cathédrales ont-ils laissé un message dans la pierre?

Aujourd’hui encore, les grands monuments conservent-ils des noms ou des signes placés là pour la postérité?

Enfin n’oublions pas ce pouvoir ancestral des pierres ou les secrets de la litho thérapie (Méthode thérapeutique qui consiste à soigner au moyen de cristaux).


Pourquoi la franc-maçonnerie a-t-elle fait de la pierre le symbole de ce qui est perfectible ?

De la pierre de Jacob, décrite dans la Bible à la pierre philosophale ; des mégalithes de Stonehenge à la pierre cubique des francs-maçons, combien de fois la pierre a-telle été représentée en tant que symbole !

Mais elle est aussi le matériau noble de la construction, celle avec laquelle on construit des temples pour rendre hommage aux divinités. La Franc-maçonnerie, ensuite, reprendra à son compte l'héritage et le corpus symbolique des métiers de la construction : la pierre brute, la pierre cubique, la pierre de fondation, la pierre d'angle, la clef de voûte, pour en tirer un enseignement philosophique.


La Pierre brute


L’allégorie de la pierre brute et de la pierre taillée s'applique à tous les hommes qui ont le désir sincère de passer de l'ignorance à la connaissance,.. des ténèbres à la lumière...et de la mort à la vie.

Symboliquement parlant, il s’agit de dégrossir cette pierre brute que représente le nouvel initié, c’est-à-dire de le débarrasser de ses aspérités qui représentent ses défauts, ses certitudes, son ignorance, ses ambitions qui le blessent. L’art de la maçonnerie lui permettra de polir et de transformer cette pierre brute qui deviendra apte à sa construction, par ses qualités intrinsèques, au sens propre comme au figuré.

D’où vient la pierre brute ?

A Héliopolis dans l’ancienne tradition égyptienne, la pierre primordiale est identifiée à une pierre initiale surgie de l’indifférenciation à la fois pierre céleste et rayon de lumière pétrifié. La pierre primordiale est évoquée dans le Talmud comme pierre de fondation du monde ; elle marque l’emplacement du Temple de Jérusalem.

Dans notre rituel du 1er degré symbolique, le plan de la loge indique bien la présence de la pierre brute, au pied de l’Orient, sur la colonne du nord, sous la lune.

Aujourd’hui il est communément admis que lors de l’émergence de la première matière hors de l’océan des origines, quelque chose a pris consistance et s’est solidifié. Le noyau du monde, une île, est la première réalité géologique de l’histoire universelle de notre planète. Cette première pierre brute contient ainsi la lumière cachée des origines et symboliquement l’éternité qui se révèle dans sa manifestation.

Cette pierre brute n’est pas un bloc de pierre mais elle est toutes les pierres, toutes les formes minérales sur lesquelles on peut travailler et créer, compte tenu du caractère vivant de ses éléments constitutifs. En ce sens, elle est un résumé de la voie initiatique artisanale qui consiste à travailler sur un matériau pour façonner quelque chose selon les lois de l’harmonie ; elle a été soumise à l’érosion, modelée et taillée par les éléments naturels tels que l’air, l’eau, le feu.

Dans les cycles renouvelés de notre Univers, à l’échelle des temps géologiques, il y a toujours, à tout instant, une pierre brute qui n’a pas de rapport avec la forme, elle donne simplement à voir ce qu’est la matière première, la matière prima, avec contenu en elle, les germes de ses potentialités qui façonneront l’édifice terrestre, comme l’art de la maçonnerie façonnera la pierre brute qu’est le nouvel initié, fort de ses potentialités cachées qui saura en extraire toutes les formes de vie.


La pierre cubique à pointe




La pierre cubique à pointe est l’œuvre finale du compagnon, son « chef d’œuvre ». Elle peut aussi être vue comme l’édifice achevé : c’est la pierre qui comprend toutes les autres. Il s’agit d’une pierre en forme de cube, surmontée d’un pyramidion, lequel peut être vu comme la recherche du lien avec l’au-delà.

Dans le tableau de loge du deuxième, la pierre cubique à pointe est du reste bien là, à sa place sous le soleil.

La pierre cubique à pointe n’est pas différentiable comme peut l’être la pierre brute ; elle ne se prête en effet à aucun inventaire logique de ses constituants. Tailler la pierre, la polir, la sculpter, l’assembler ont été pendant des millénaires les gestes essentiels des bâtisseurs en même temps que leur secret et qui dit secret dit initiation et transmission. La franc-maçonnerie qui se veut l’héritière des bâtisseurs a naturellement repris dans sa symbolique tout ce qui avait trait au travail de la pierre pour parvenir à une pierre cubique.

Ainsi dans la plus haute antiquité, le trône du pharaon est une pierre cubique. La déesse Cybèle, phrygienne à l’origine et qui a été identifiée à Rhéa, la mère de Zeus et aux plus grands dieux grecs siège sur le mont Ku bébé (du grec cubos) qui est un cube.

L’arche d’Alliance constitué d’acacia, bois réputé imputrescible a la forme d’un cube de vingt coudées d’arête.

C’est un édifice de forme cubique, la Kaaba qui est placée au centre du lieu saint islamique de la Mecque.


La plupart des auteurs maçonniques se réfèrent au réseau cristallin cubique du chlorure de sodium, vulgairement appelé sel de cuisine pour représenter le solide le plus parfait, la référence qui guide le compagnon dans sa perception de l’œuvre à réaliser. Se référer au sel n’est pas sans intérêt : l’homme a besoin de sel, il sait depuis toujours qu’il est indispensable à la vie.


Vous avez dit pierre plate ?

Nous connaissons tous la pierre brute et ses différentes transformations dans les divers degrés de la Franc-maçonnerie mais de la pierre plate qu'en est-il ?

A ma connaissance, il existe très peu de documents sur le sujet, mais je vais tenter d'y apporter quelques éléments d’explication.

En général la pierre plate est toujours liée au Tronc de bienfaisance. Le Vénérable Maître suivant le rituel en fait mention lorsque le Frère Hospitalier le lui remet, ou c'est le Frère Secrétaire qui en parle lors du compte-rendu du nombre de kilos.

Il en est fait état dans une revue « L'Univers Maçonnique » datée de 1837 la définition de pierre plate : c'est une pièce de monnaie en or, en argent ou en cuivre, appelée aussi pierre métallique.


La plupart des dictionnaires, notamment le « Ligou », se contente de donner juste la définition de somme d'argent...

Mais on ne peut pas parler de pierre plate si on ne parle pas d'obole, qui par définition est une unité monétaire qui a eu cours dans la Grèce antique, puis dans l'Europe du Moyen Âge et spécialement en France jusqu'à la Révolution.

Rappelons-nous ce rite funéraire bien connu chez les Grecs, où on devait placer dans la bouche des morts une obole pour leur permettre de payer à Charon le passage du Styx. Ceux qui ne pouvaient pas payer étaient condamnés à errer sur les berges de ce fleuve durant cent ans.


Pour conclure : Isaïe 28, 16-17a

Ainsi a parlé le Seigneur Dieu : Moi, dans Sion, je pose une pierre, une pierre à toute épreuve, choisie pour être une pierre d'angle, une véritable pierre de fondement. Celui qui lui fait confiance ne sera pas impatient. Je prendrai le droit comme instrument de mesure, et la justice comme niveau.


GL 02/2023 travail de synthèse






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1 Comment


Serge Halimi
Serge Halimi
Jun 15, 2023

travail tres interessant sur un sujet phare de notre ordre .

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