L’hymne d’ouverture au Rite Standard d’Ecosse, et au Rite Style Emulation.
- ITER
- 19 mars
- 8 min de lecture

Le Bien-aimé Frère Daniel G., de la RL William Schaw, O. Perpignan, Rite Standard d’Écosse, Grande Loge Indépendante de France, nous invite à mieux connaître et comprendre la pratique des Loges de Rites anglo-saxons (Rite Anglais — tous styles —, Rite d’York, Rites Écossais d’Écosse). Il écrit :
Ces hymnes d’ouverture et de fermeture, sont communs au Rite Style Emulation et au Rite Standard d’Ecosse. Ils furent composés en 1850 par le F. Cleggs pour la G.L.U.A. Il est aisé de constater qu’il est impossible de coller à la mélodie en utilisant la traduction dite « littérale ». La version traduite au sein de la GLNF s’en écarte quelque peu mais colle à l’esprit et au sens vrai de ces hymnes ainsi qu’à la mélodie. A la suite de ces différentes versions, un travail d’instruction réalisé par un Frère de la R.L. William Schaw nous en fait comprendre la beauté, le sens profond et le symbolisme. Tous les frères visiteurs de Loges du RSE et d’Emulation, connaissent ce chant traditionnel repris avec ferveur par les FF des LL de ces Rites.
OUVERTURE DE LA LOGE.
Version originale :
- Hail eternal ! by whose aid All created things were made;
Heav’n and earth, Thy vast design; Hear us, Architect Divine!
- May our work, begun in Thee Ever bless with order be,
And may we, When labour cease, Part in harmony and peace.
- By thy glorious Majesty, By the trust we place in Thee,
By the badge and mystic sign, Hear us, Achitect Divine !
Traduction littérale :
- Saluons l’éternel par l’aide duquel Toutes choses ont été crées;
Terre et ciel, ton vaste dessein ; Ecoute nous, Architecte Divin!
- Que nos travaux commencés en Toi, Soient toujours bénis avec ordre,
Et puissions-nous, le travail fini, Nous séparer dans l’harmonie et la paix.
- Par ta glorieuse majesté, Par la confiance que nous plaçons en Toi,
Par le symbole et le signe mystique, Ecoute nous, Architecte Divin !
Version G.L.N.F.
- Eternel auteur du monde Où, Grâce à toi, tout abonde ;
Terre et ciel sont ton dessein ; Grand Architecte Divin.
- Fais qu’en nos travaux la foi Pour l’ordre enseignant ta Loi,
Qu’après la cérémonie, Règnent la paix et l’harmonie.
- Par ta majesté insigne, Par nos symboles et signes,
Exauce nos vœux humains, Grand Architecte Divin !
CLOTURE DE LA LOGE.
Version originale
- Now the evening shadow closing, Warn from toil to peacefull rest,
Mystic arts and rites reposing, Sacred in each faithful breast. .
- God of light ! whose love unceasing Doth to all thy work extend,
Crown our Order with thy blessing, Build; sustain us to the end.
- Humbly now we bow before thee Grateful for thy aid Divine,
Everlasting power and glory, Mighty Architect be thine !
Traduction littérale :
- Maintenant l’ombre du soir s’approche, Indiquant de passer du travail au repos paisible
Arts mystiques et rites reposant Sacrés, dans chaque poitrine emplie de foi.
- Dieu de lumière ! Dont l’amour incessant, Etend sa protection sur tous tes travaux,
Couronne notre Ordre de ton œuvre Bénie soutiens nous jusqu’à la fin.
- Humblement nous nous courbons maintenant devant toi
Reconnaissants pour ton aide Divine Que la gloire et le pouvoir éternel,
Puissant Architecte soient tiens !
Version GLNF.
- Alors qu’au soir l’ombre descend, Indiquant pour nous la pause,
Arts mystiques et rites ardents, Dans tous cœur loyal reposent,
- Toujours veillant sur nos travaux Dieu d’amour et de lumière,
Viens bénir les Frères dévots, (ou maçons loyaux ?) jusqu’à leur heure dernière.
- Humbles courbés tous devant toi Nous implorons assistance,
Chantant ta gloire et notre foi, Architecte en ta puissance !
Pourquoi cet intérêt pour l’hymne d’ouverture ? Tout simplement parce que ce chant prend aux tripes la première fois qu'il est entendu. Sa puissance et sa rondeur envoûte, transporte et il ne cesse de troubler depuis lors. C'est un hymne réciproque à l'Amour donné et à l'Amour rendu. Tout est contenu en lui.
Il est le déclencheur de la cérémonie et il synthétise le fondement et le but de l'Ordre auquel nous appartenons : NOTRE RAPPORT A DIEU. Il crée un climat, une ambiance, une disposition à l'apaisement et à la concentration. L'environnement en devient confortable, voire douillet après son interprétation. Il nous grandit en nous responsabilisant. Seuls des Maçons et de véritables croyants peuvent être pénétrés par la justesse des mots et l'intensité de la mélodie. La posture et la dignité des frères renforcent cette sensation d'appartenir à un milieu respectueux et sensible.
S'adresser au GRAND ARCHITECTE DIVIN n'est pas si aisé qu'il y paraît. On ne peut faire semblant et les Convictions, fondations de notre appartenance, doivent être inébranlables.
Lorsque le Vénérable Maitre nous demande de prendre place après avoir chanté cet hymne, nous sommes dans l'expiration, dans la décompression et le ressenti de ce chant poignant et rythmé. Nous avons exhalé nos préoccupations, nos rancœurs, nos soucis profanes. Ce chant vient de nous motiver et nous sommes dans des conditions idéales pour ouvrir les portes de l’Univers Sacré qui est le nôtre : l'Univers Maçonnique. C'est aussi cela, laisser les métaux à la porte pour s'enfermer dans la bulle sacrée de notre tenue.
Le vocabulaire, judicieux et profond, lourd de sens nous laisse entrevoir les orientations du rituel Standard d'Ecosse :
o Invocation d'un Dieu omnipotent, créateur et tout puissant dans le premier couplet
o Sacralisation de l'œuvre et du Maçon dans le deuxième
o Intégration et propagation de la Loi Morale ou Loi d'Amour dans le troisième.
Hymne au Travail, à la vie et à la reconnaissance que nous portons à Dieu, il est le pendant de l'hymne de fermeture qui fait référence au Repos, à la Mort et à l'Amour que Dieu nous porte. L'Amour est donc le dénominateur commun de ces deux cantiques où vie et mort se mêlent sans peur de ce que peut nous apprendre l'une et sans crainte de ce que l'on peut attendre de l'autre.

« Je vous demande instamment si vous êtes un homme libre et majeur ? »
« Croyez-vous en Dieu ? »
Questions abruptes, du V.M. au Candidat, qui ne souffrent aucune tergiversation.
« Je ne suis ni libre, ni majeur et je ne crois pas en Dieu » : circulez il n'y a rien à voir. Il faut donc être libre, majeur et croire en l'Eternel auteur du Monde. Voilà les critères indispensables à l'admission et clairement sous-entendus dans les trois couplets.
Dans le premier couplet Dieu est LA référence. « Infiniment Grand, infiniment Bon et infiniment Juste » Il est l'origine de tout mais aussi la fin de tout, l'alpha et l'oméga. Le constat simple est sans appel : sans lui rien n'existe et par lui tout peut abonder. Il ne s'agit pas, bien sûr, de l'abondance en tant que richesses matérielles, mais de cette diversité de la nature dont nous devons nous nourrir et nous instruire. Il est donc le GADLU pensant et bâtissant mais il est aussi le « GRAND HORLOGER » fixant limites et durées.
L'abondance est constituée d'outils que Dieu nous a donnés. Ces outils sont la SAGESSE, la FORCE et la BEAUTE soutenues par la FOI, l'ESPERANCE et la CHARITE. Si la règle de 24 pouces, le maillet à dégrossir et le ciseau, pour ne citer que les outils opératifs du premier degré, sont absolument nécessaires pour construire notre Temple et donc notre personnalité, il est absolument inconcevable de leur dissocier, pour un travail parfait, la référence aux vertus cardinales et théologales socles de notre moralité et de notre dévouement.
Notre rite demande la maîtrise des outils mis à notre disposition et le par cœur n'est ni plus ni moins que l'assimilation parfaite de ce à quoi est destiné l'outil utilisé, aussi bien d'un point de vue matériel que spirituel. La vision opérative très marquée dans notre rite, est donc indissociable de la vision spéculative pour une vie embrassant le terrestre et le divin.
Le deuxième couplet traduit la confiance totale que nous mettons, non seulement, dans nos outils, dans nos Frères mais aussi dans l'œuvre à accomplir. La confiance demande que l'on mette entre les mains de l'autre sa propre liberté, ce qui on en conviendra, n'est pas aisé du tout. Faire confiance c'est croire et s'abandonner à l'autre. En l'occurrence nous devons nous en remettre aux Frères plus expérimentés et en capacité de distribuer une instruction.
Et notre Foi dans quoi doit-elle s'exprimer ? Dans nos travaux soutenus, orientés, assistés par le Volume de la Sainte Loi que le Maçon doit « considérer comme le guide infaillible de la vérité et de la justice devant régler ses actions sur les préceptes divins qu'il contient ». Le travail est le facteur essentiel au développement et à l'élévation. Comme dans le monde profane, il doit être source de revenus, de satisfactions, de progressions... Nous retrouvons la place importante de l'enseignement oral traditionnel qui favorise l'assimilation de pages rituelliques afin d'en parfaire l'enracinement. Et quelle satisfaction que de recevoir son salaire !!! PAIX et HARMONIE. Salaire immédiatement versé sur le compte Bonheur des Frères ayant œuvré, chacun à son niveau, au bon déroulement des travaux.
Le troisième couplet nous implique entièrement même si Dieu est sollicité pour exaucer nos demandes. Dans un premier temps nous avons pris conscience et avons été convaincus qu'une entité supérieure était à l'origine de ce qui est. Dans un deuxième temps des outils nous ont été donnés pour mener une vie vertueuse. Arrive donc le troisième temps : celui de l'ouverture. C'est le moment où l'on distribue le fruit du labeur.

Cette période est caractérisée par la mise en pratique de l'enseignement reçu et assimilé. Il doit donc s'exporter dans le monde profane pour avoir une réelle valeur. Car l'expression : « EXAUCE NOS VOEUX HUMAINS » ne fait nullement référence à un quelconque désir d'être beau, riche, intelligent, en bonne santé (Coluche l'avait très bien analysé en son temps), mais à un attachement indéfectible, aux préceptes moraux qui nous ont été inculqués. C'est ce à quoi se voue notre obédience en insistant sur les actions à mener, touchant la bienfaisance.
C'est le temps d’exporter, le travail accompli à l'intérieur. Nous avons intégré nos devoirs envers Dieu, envers nous-mêmes et envers notre prochain. Ces devoirs nous les retrouvons énumérés dans l'EXHORTATION APRES L’INITIATION. Tout se tient s'entrecroise, se complète, se confirme, se développe … dans la lecture du rituel.
Vous aurez remarqué que les couplets s'organisent de telle manière que les deux premiers vers sont d'une grande Force nous impliquant plus ou moins directement dans un travail contraignant :
Couplet 1 : ETERNEL AUTEUR DU MONDE
OU GRÂCE A TOI TOUT ABONDE
Couplet 2 : FAIS QU'EN NOS TRAVAUX LA FOI
POUR L'ORDRE ENSEIGNE TA LOI
Couplet 3 : PAR TA MAJESTE INSIGNE
PAR NOS SYMBOLES ET SIGNES
Alors que les deux derniers vers de chaque couplet font référence à une certaine relaxation tel le plongeur qui pour rejoindre la surface est obligé d'effectuer des paliers de décompression :
Couplet 1 : TERRE ET CIEL SONT TON DESSEIN
GRAND ARCHITECTE DIVIN
Couplet 2 : QU'APRES LA CEREMONIE
REGNENT LA PAIX, L'HARMONIE
Couplet 3 : EXAUCE NOS VOEUX HUMAINS
GRAND ARCHITECTE DIVIN
Le temps de la vie et du labeur ; puis le temps du repos et du bilan.
Voilà quelques explications pour faire de cet hymne une source quasi inépuisable d'enseignements. Ces instructions ont tout de même une importance essentielle pour la compréhension du rituel. Chaque phrase de ce même rituel, voire certains termes, peuvent et doivent déboucher sur des réflexions approfondies. Le « tronc commun » qui reste immuable pourra prêter à des interprétations toutes personnelles. Cet hymne a été analysé d'une manière qui est propre à l’auteur, et pourrait donner lieu à une autre instruction qui reflèterait la personnalité de son auteur, sans pour autant dévier du primordial.
Quelle RICHESSE pour les Frères ! Si nos rituels reposent sur une tradition qui remonte à des temps immémoriaux, ils ont été conçus par des hommes d'exception, maniés, remaniés, peaufinés et mis en page pour faciliter nos relations avec Dieu, avec nous-mêmes et avec les autres hommes, triangle indéfectible.
Ce Rite mêle théâtre, tragédie, musique, chant dans une structure équilibrée et signifiante. La mise en scène y est efficace.
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