L’éternité.
- ITER
- 24 avr.
- 9 min de lecture

Van Gogh. À la porte de l'éternité"
Notre TCF Gérard Lefèvre nous conduit dans une réflexion éclectique sur le thème de l'éternité. Il écrit :
Dans l’abîme du temps sans horloge ni cadran,
Un souffle immobile, un secret éclatant.
L’éternité danse, insaisissable lumière,
Ombre et clarté s’unissent en sa prière.
Le concept de l’éternité n’apparait pas de façon objective dans l’ancien testament, cela reflète une conception qui trouve ses racines dans la pensée égyptienne, reprise par le Christ, lequel n’a pas oublié le très ancien rite d’Osiris, le partage du pain et du vin lors de la communion.
Le concept de l'éternité dans l'Ancien Testament est un sujet fascinant et complexe. Bien que l'idée explicite de l'éternité telle qu'on la comprend aujourd'hui ne soit pas omniprésente, certains passages laissent entrevoir une réflexion sur la durée infinie ou la vie après la mort. Ainsi, dans Ecclésiaste 3:11, il est écrit que Dieu a implanté dans le cœur humain la pensée de l'éternité, bien que l'homme ne puisse pleinement comprendre l'œuvre divine.
Cependant, les notions comme la résurrection ou l'immortalité de l'âme semblent avoir émergé plus tard, influencées par des courants culturels et religieux externes, notamment pendant la période du judaïsme tardif. Les Psaumes, par exemple, évoquent parfois une relation éternelle avec Dieu, mais cela reste souvent métaphorique ou poétique.
L'Ancien Testament regorge de passages et de thèmes qui peuvent être interprétés sous différents angles, notamment en ce qui concerne la notion d'éternité.
D’ailleurs, on pourrait analyser les promesses divines faites à Abraham et à ses descendants comme des engagements éternels, ou encore explorer le concept de l'Alliance éternelle dans des livres tels que le Deutéronome ou Isaïe.
On peut également approfondir les représentations poétiques et symboliques des Psaumes qui évoquent une relation perpétuelle avec Dieu, ou les réflexions philosophiques dans des livres comme l'Ecclésiaste.
Le concept de l'éternité dans l'Ancien Testament n'est pas aussi développé ou explicite que dans les traditions égyptiennes anciennes. Dans l'Égypte antique, l'éternité était une notion centrale, souvent liée à la vie après la mort et à l'immortalité, comme en témoignent les Textes des Pyramides et les pratiques funéraires. Les Égyptiens avaient une vision cosmique où le temps et l'éternité étaient étroitement liés, reflétant leur croyance en une continuité entre le monde terrestre et l'au-delà.
En revanche, l'Ancien Testament présente une perspective différente. Les Israélites de l'époque avaient une vision plus rudimentaire de l'au-delà, souvent limitée à l'idée de repos dans le Shéol (Séjour des morts, dans la Bible), sans une notion claire d'immortalité ou d'éternité. Ce n'est que plus tard, sous l'influence de cultures externes comme les traditions grecques, perses et peut-être égyptiennes, que des idées sur la résurrection et l'immortalité ont commencé à émerger dans le judaïsme tardif.
L'unité et l'harmonie : Dans de nombreuses traditions spirituelles, l'éternité symbolise l'équilibre parfait entre les opposés, comme la vie et la mort, le passé et l'avenir.
Dans de nombreuses traditions religieuses, Dieu est souvent associé à l'éternité. Cela signifie qu'Il est perçu comme étant sans commencement ni fin, transcendant le temps et l'espace.
Cependant, la Bible contient des versets tels que le Psaume 90:2, qui affirme : "D'éternité en éternité, tu es Dieu." Ce passage illustre la notion que Dieu transcende les frontières du temps humain.
Philosophiquement, certains théologiens, comme Thomas d'Aquin, ont décrit l'éternité de Dieu comme une "possession parfaite et simultanée d'une vie sans fin". Cela signifie que Dieu n'est pas soumis à la succession des instants comme nous le sommes, mais qu'Il est dans un état d'existence absolue et immuable.
L'éternité peut effectivement être perçue comme "le Un de tout" dans certaines traditions philosophiques et spirituelles. Cette idée repose sur le concept d'unité absolue, où tout ce qui existe est interconnecté et trouve son origine dans une source unique et intemporelle.
Dans la philosophie néoplatonicienne, par exemple, l'éternité est souvent associée à "l'Un", une réalité transcendante et indivisible qui est à l'origine de tout ce qui existe. L'éternité, dans ce contexte, n'est pas seulement une durée infinie, mais une qualité d'existence parfaite et immuable, au-delà du temps et de l'espace.
De manière similaire, dans certaines traditions mystiques, l'éternité symbolise l'harmonie ultime où toutes les dualités (comme le temps et l'intemporel, le fini et l'infini) se dissolvent dans une unité absolue. Cela peut être interprété comme une vision où l'éternité englobe tout, transcendant les limites de la perception humaine.
L'éternité est une notion fascinante qui oscille entre utopie et réalité selon les perspectives philosophiques, religieuses et scientifiques. Certains la perçoivent comme une durée infinie, sans début ni fin, souvent associée à des concepts divins ou spirituels. D'autres, comme le philosophe André Comte-Sponville, la définissent comme le moment présent, suggérant que l'éternité est une expérience subjective et immédiate.
Dans les traditions religieuses, l'éternité est souvent liée à la vie après la mort, avec des destinations éternelles comme le paradis ou l'enfer. Scientifiquement, l'idée d'une existence éternelle reste spéculative, bien que des avancées en biotechnologie et en intelligence artificielle alimentent des débats sur l'immortalité physique ou numérique.
L'éternité, par essence, ne se trouve pas dans un lieu physique. Elle est souvent perçue comme une dimension transcendante, au-delà du temps et de l'espace. Dans les traditions philosophiques et spirituelles, l'éternité est liée à l'idée de l'infini, de l'immuable, ou encore de l'unité absolue.
Certaines perspectives, comme celles de Platon, associent l'éternité aux Idées éternelles, des formes intelligibles qui existent indépendamment du temps. D'autres, comme Nietzsche, évoquent l'éternel retour, une conception cyclique où tout se répète indéfiniment.
Dans la poésie, l'éternité est souvent décrite comme une expérience intérieure ou une illumination. Par exemple, Arthur Rimbaud, dans son poème L'Éternité, la compare à "la mer allée avec le soleil", une image qui évoque une harmonie intemporelle.

L'éternité et le néant voilà, deux concepts philosophiques qui, bien qu'ils puissent sembler opposés, partagent des liens subtils dans certaines traditions de pensée.
Pour démontrer que l'éternité et l'infini peuvent être perçus comme le néant, plusieurs philosophes ont exploré des idées qui remettent en question leur nature :
1. Descartes : Il distingue l'infini de l'indéfini. L'infini est réservé à Dieu, tandis que l'indéfini est ce qui est sans bornes mais indéterminé. Cette notion négative de l'indéfini pourrait être interprétée comme une forme de néant, car elle désigne ce dont les limites ne peuvent être prouvées.
2. Saint-Augustin : Dans ses Confessions, il explique que l'éternité est incompréhensible pour l'esprit humain, car elle dépasse le cadre de la temporalité. Le temps et l'espace étant des créations de Dieu, ils n'existent pas intrinsèquement. L'éternité, en tant que concept lié à Dieu, pourrait être vue comme un néant pour l'esprit humain limité.
3. Pascal : Il parle des "deux infinités" – l'infiniment grand et l'infiniment petit – et souligne combien ces notions échappent à la compréhension humaine. Cette incapacité à saisir l'infini pourrait être interprétée comme une confrontation au néant.
Ces réflexions philosophiques montrent que l'éternité et l'infini, bien qu'ils soient des concepts puissants, peuvent être perçus comme le néant en raison de leur nature insaisissable
I ‘idée que l'éternité et le néant puissent être liés à l'Alpha et l'Oméga de Dieu est profondément enracinée dans la théologie et la philosophie. Dans la Bible, l'expression "Alpha et Oméga" est utilisée pour décrire Dieu comme le commencement et la fin de toutes choses, symbolisant son éternité et son omniprésence. L'Alpha, première lettre de l'alphabet grec, et l'Oméga, dernière lettre, représentent cette idée d'un Dieu qui englobe tout, du début à la fin.
L'éternité, dans ce contexte, est souvent perçue comme l'essence même de Dieu. Elle n'est pas simplement une durée infinie, mais une réalité intemporelle qui transcende le temps.
Quant au néant, il est parfois vu comme l'état avant la création, un vide absolu que Dieu a transformé en existence. Ce contraste entre le néant et l'éternité met en lumière la puissance créatrice de Dieu, capable de faire surgir l'être à partir du non-être. Dans ce sens, le néant pourrait être interprété comme une étape nécessaire pour révéler l'éternité et la plénitude de Dieu.
Ainsi, l'Alpha et l'Oméga ne sont pas seulement des symboles de commencement et de fin, mais aussi une manière de comprendre comment l'éternité et le néant interagissent dans la vision divine de l'univers.
Il existe plusieurs réflexions philosophiques et théologiques qui explorent les concepts de Dieu, du néant et de l'éternité. Voici quelques exemples :
1. Saint Thomas d'Aquin : Il a décrit l'éternité comme étant "Dieu Lui-même", soulignant que l'éternité n'existe pas en dehors de Dieu. Selon lui, avant la création, il y avait le néant, et c'est à partir de ce néant que Dieu a créé l'univers.
2. Jean-Baptiste Massillon : Dans ses sermons, il a évoqué l'idée que tout ce qui est visible dans le monde est une attente des choses invisibles et éternelles. Il a également souligné que Dieu agit dans le temps pour révéler l'éternité.
3. La Bible : Dans 1 Samuel 12:21, il est écrit que s'écarter de Dieu mène au néant, qui n'apporte ni profit ni délivrance. Ce passage met en lumière l'alternative entre suivre Dieu pour accéder à l'éternité ou s'éloigner de Lui pour sombrer dans le néant.

Saint Thomas d'Aquin Jean-Baptiste Massillon
La comparaison entre l'éternité et le néant est un sujet fascinant qui a été exploré par plusieurs philosophes.
Par exemple, Hegel et Bergson ont abordé la notion d'éternité sous des angles différents. Hegel la considère dans le cadre de sa dialectique, où l'absolu doit se nier pour être absolu, tandis que Bergson la relie à la durée comme réalité absolue.
Karl Jaspers, quant à lui, a réfléchi sur la vie éternelle et le néant en lien avec l'existence. Selon lui, l'être peut choisir librement de croire en son éternité, ce qui transforme sa perception de lui-même et de son existence.
Quant à l'éternité elle-même, elle pose la question de l'infini. Existe-t-elle au-delà de notre compréhension humaine, ou est-elle une expérience qui dépasse simplement le cadre du temps linéaire ?
Certains mystiques comme Maître Eckhart perçoit l'éternité comme un "présent éternel", un instant parfait où le temps cesse d'exister et où tout est contenu simultanément. Pour lui, l'éternité n'est pas une succession infinie de moments, mais une réalité intemporelle où passé, présent et futur se fondent en une unité absolue. Cette vision reflète une quête mystique de l'union avec le divin, où l'âme atteint un état de plénitude et de présence totale.
Dans la tradition maçonnique, l'idée d'éternité est souvent symbolisée par le concept de "l'Orient éternel", et de manière symbolique et philosophique, plutôt que dogmatique.
Cette notion représente un retour à l'unité, au Tout, et est associée à la lumière éternelle, la vérité et la transcendance. Lorsque les francs-maçons parlent de "passer à l'Orient éternel", ils évoquent la mort comme une transition vers une existence universelle et absolue, au-delà du temps et de l'espace.
Ainsi, bien que le franc-maçon en tant qu'individu ne soit pas éternel, son esprit, ses idées et ses actions sont perçus comme contribuant au continuum de l'humanité et à l'édifice symbolique de la fraternité. Cette perspective met en avant une réconciliation avec le Tout, où la matière et l'immatériel continuent à nourrir l'univers.
D'un point de vue maçonnique, l'éternité peut être perçue à la fois comme un idéal à atteindre et une responsabilité. Elle incarne l'idée de quelque chose de plus grand que nous-mêmes, une quête de perfection et de continuité dans nos actions. Cela évoque aussi l'idée que les valeurs et les idéaux que nous cultivons doivent transcender le temps et laisser un héritage.
Pour certains, l'éternité est une espérance, une promesse d'accomplissement spirituel. Pour d'autres, elle pourrait être vue comme un fardeau, car elle engage à une perpétuelle quête de sagesse et d'amélioration. Tout dépend de la perspective et du symbolisme auquel on s'attache.
Plusieurs auteurs ont exploré la notion d'éternité avec profondeur et originalité. Parmi eux :
1. Saint Augustin : Dans ses Confessions, il réfléchit sur l'éternité et le temps, en distinguant l'éternité divine du temps humain. Il considère que l'éternité est une qualité intrinsèque à Dieu, au-delà de toute temporalité.
2. Blaise Pascal : Dans ses écrits, notamment dans ses Pensées, Pascal aborde l'éternité avec une perspective religieuse et philosophique, souvent en lien avec la condition humaine et la quête de sens.
3. Rainer Maria Rilke : Ce poète explore l'éternité dans ses œuvres, notamment dans ses Élégies de Duino, où il évoque une transcendance poétique et spirituelle.

4. Victor Hugo : Dans ses poèmes, Hugo traite de l'éternité comme une force universelle et intemporelle, souvent liée à l'amour et à la nature.
Pour conclure, la perception de l'éternité invite à transcender les limites humaines par une quête personnelle de sens et de vérité. Elle offre une approche philosophique où l'éternité n'est pas une destination fixe, mais une exploration continue des mystères de l'existence et de l'harmonie universelle. Ainsi, cette vision encourage chacun à trouver sa propre lumière dans l'infini des possibles.
Finalement, si l'on envisage le néant ou le vide comme étant à l'origine de l'éternité, cela pourrait impliquer que celle-ci découle d'une absence absolue, un état où le temps, l'espace et la causalité (en vertu duquel tout phénomène a une cause) sont entièrement transcendés. La notion d'une "absence de racine maternelle" pourrait accentuer cette idée d'une origine dépourvue de substance, où l'éternité ne naît pas d'une création, mais d'une disparition totale des catégories humaine.
« Les anges » … sont souvent considérés comme des symboles de l'éternité dans diverses traditions religieuses et spirituelles. Leur nature immatérielle et leur rôle en tant que messagers divins les placent au-delà des limites du temps et de l'espace humains. Dans l'art chrétien, par exemple, les anges sont représentés comme des ponts célestes entre le divin et le terrestre, incarnant une quête de lumière et de spiritualité. Ceux-ci (asexués selon la bible), en transcendant ces catégories, pourraient-ils représenter une forme d'idéal ou de perfection détachée de notre compréhension humaine ?
GL 04/2025

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