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Cahier bleu n°26. La Loge maçonnique : centre de l’union ou … de la désunion ?

« … par suite de quoi, la Maçonnerie devient le Centre de l'Union et le moyen de nouer une amitié fidèle parmi des personnes qui n’auraient jamais pu sans cela se rendre familières entre elles. »


Ainsi commencent les Constitutions d’Anderson de 1723 ; cet article premier exprime la raison d’être de la Franc-maçonnerie : nouer une amitié fidèle entre personnalités diverses. Mais est-ce toujours le cas ? Pourquoi trouve-t-on parfois dans les loges tensions, heurts et conflits, rivalités, méfiance et jalousie, etc. ?


Pour répondre à cette question, poursuivons la piste ouverte par le Cahier Bleu n° 25.


La Maçonnerie spéculative s’est constituée symboliquement sur le modèle de la

Maçonnerie opérative, métaphorisée pour l’adapter à son objet propre. Certains diront que cela est vrai mais reste une sorte de jeu de rôles. D’autres affirmeront que la loge est un modèle d’intégration sociale, et donc un support pour la paix et la stabilité de la société. Pour les premiers, la loge est une sorte de salon de sociabilité, où l’on vient trouver des moments de convivialité, et selon le niveau des participants, en faire une société savante ; et cela leur convient bien. Les seconds viennent en loge pour collaborer à une construction collective sous la forme d’une cérémonie ou d’une instruction.


Réussies, elles réjouissent à la fois le coeur et l’esprit. Le coeur, parce qu’ils y ont travaillé pour qu’elle soit aussi parfaite que possible, et éprouvent la joie qui vient à tout achèvement réussi ; l’esprit, parce que les éléments ésotériques qu’elles délivrent les illuminent d’une lumière intérieure et d’une béatitude aussi secrète que personnelle. Et cette élévation spirituelle touche autant les récipiendaires que les acteurs.


Où se situe donc la différence de conception et de résultat sur le but de la Francmaçonnerie, tel qu’envisagé par Anderson ? Tentons une piste.

Dans le second cas, les Frères ont travaillé, comme sur un chantier de construction, en donnant chacun le meilleur de soi-même pour la réalisation commune. Chacun a reçu un bout de cérémonie à effectuer, de rituel à prononcer, d’instruction à présenter ou commenter, chaque bout se situant dans une chaîne collective de tâches ; et de la bonne réalisation de chaque tâche individuelle dépend la qualité de la réalisation globale.


L’union, l’amitié fidèle, la familiarité résultent alors du travail effectué en commun. Ne dit-on pas que la meilleure façon de créer et de maintenir un groupe uni est de faire travailler ses membres ensemble, par l’indépendance dans l’interdépendance ? Et de plus, cela est essentiel, ce mode de travail produit de l’égalité entre Frères. Car dans cet esprit, un manuel compte autant qu’un intellectuel, si chacun est à la hauteur du travail confié par le Vénérable-Maître, c’est-à-dire, le chef de chantier.


Dans le premier schéma, les difficultés relationnelles commencent dès que le travail commun est sous-estimé par rapport au travail individuel. Les discriminations naissent de la capacité des uns à se servir de la loge comme d’un public captif pour étaler leur érudition, et du complexe des autres, pour ne pas être capables d’en faire autant. Ces derniers, pour exister dans un tel milieu, se tournent alors vers des discussions inutiles sur l’accessoire qui divise et non sur l’essentiel qui les dépasse, vers du pinaillage et de l’ergotage pour faire du juridisme sur des règlements, par l’envoi de grands mots pour cibler des petits maux, etc. De là naissent tensions, heurts et conflits, rivalités, méfiance

et jalousie, etc. Cette façon de travailler fabrique mécaniquement de l’inégalité en loge.


Est-ce là le but de la Maçonnerie ?


Certains rites incitent au travail collectif sur le mode chantier, d’autres font appel aux exploits intellectuels individuels. Pour ces derniers, et afin de pallier les inconvénients cités, les Vénérables-Maîtres veilleront à rétablir les modes de travail qui permettent tant soit peu de remettre la loge dans la raison d’être propre de la Franc-maçonnerie : nouer entre les Frères l’amitié fidèle que permet le travail dans l'esprit collectif et rassembleur du chantier.





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